Aujourd’hui on joue à… The Mind
The Mind est un jeu de 120 cartes dont le principe est particulier : il faut toujours ranger les cartes dans un ordre croissant, donc de la plus petite à la plus grande. Première réaction, y a vraiment pas de quoi en faire un jeu ! Et bien, détrompez-vous, l’accroche est très forte.
Le principe
The Mind, édité par Oya depuis 2018, est constitué de 100 cartes numérotées de 1 à 100. Il y a également 12 cartes pour les 12 niveaux du jeu, 5 cartes de vie et 3 cartes Shuriken.
The Mind est un jeu coopératif, on joue ensemble et on gagne ou on perd ensemble. Le jeu est prévu de 2 à 4 joueurs. Au niveau 1, on distribue 1 carte à chaque joueur, il est le seul à la voir. Tout le monde se concentre avant de poser une main sur la table. Quand tout le monde est prêt, la partie commence.
Sans un mot et sans un geste, il faut déposer les cartes sur la table de la plus petite à la plus grande. Le contrat est rempli ? Si oui, on met la carte niveau 1 de côté et on peut passer au niveau 2, et on redistribue 2 cartes à chacun des joueurs et ça recommence, puis niveau 3 …
En cas d’erreur, lorsqu’un joueur n’a pas déposé assez vite sa carte et l’ordre croissant n’est plus respecté, une carte vie permet de continuer le jeu. À cette occasion, on élimine toutes les cartes dans les mains des joueurs qui sont en-dessous de la carte « fausse » déposée. Au début de la partie, l’équipe dispose d’autant de carte vie qu’il y a de joueurs donc 2, 3 ou 4. La partie continue tant qu’on peut et tant qu’il y a des cartes vie. La victoire est totale si le dernier niveau est réalisé, soit 12 pour 2 joueurs, 10 pour 3 joueurs et 8 pour 4 joueurs.
Quelques particularités du jeux
Une règle fondamentale dans The Mind est d’avoir l’obligation de toujours poser sa carte la plus basse que l’on a dans les mains.
Dès le début de la partie, l’équipe dispose d’une carte Shuriken. Son fonctionnement est simple, à tout moment de la partie, un joueur peut proposer à l’équipe l’utilisation d’une carte Shuriken qui permet à chacun de retirer sa carte la plus basse.
Au fur et à mesure de l’avancée des niveaux dans la partie, l’équipe gagne des récompenses : des cartes vie ou des cartes Shuriken. Il y a des récompenses à l’issue des niveaux 2/3/5/6/8 et 9. Mais l’équipe ne doit jamais dépasser plus de 5 cartes vie et 3 cartes Shuriken.
Le jeu en situation
Imaginons une situation avec 4 joueurs, sachant que chaque joueur ne voit que sa carte.
Pour valider le niveau 1, sans perdre de vie, il faut que le joueur de droite dépose 17 en premier au milieu de la table, suivi du 36 par le joueur en face, puis le 47 et enfin le 94. Pour cette situation, le risque majeur se situe entre le 36 et 47 !
Avec une telle distribution pour valider le niveau 2, il y a danger dès la première carte sachant que 8 et 10 sont très proches. Si le 8 est bien déposé en premier, le danger suivant est pour le joueur de gauche qui devra déposer ses deux cartes 51 et 59 l’une derrière l’autre avec le risque que le joueur du haut dépose 67 avant 59 !
Pour qui ?
Possible de jouer dès 6 ans ou même avant, dès que l’on commence à avoir une perception de la numération écrite et orale. De 2 à 4 joueurs. The Mind est idéal pour le cycle 2 mais peut ensuite se pratique à tout âge.
Comment ?
Le jeu peut s’utiliser dans un cadre scolaire comme dans un cadre familial. A l’école, le club jeux est un endroit idéal mais un fonctionnement en atelier jeux dans la classe est tout à fait envisageable. Les parties sont courtes, 15’ à 20’. De plus des aménagements de la règle sont envisageables, comme réduire le nombre de niveaux, de façon à favoriser un jeu par groupe dans la classe.
Commentaire pédagogique
Jouer à The Mind ne peut qu’améliorer la perception et une mentalisation accrue avec les entiers de 1 à 100. Le lien avec la numération écrite et orale est permanent ainsi que la notion de rangement avec l’ordre croissant.
La pratique de The Mind va améliorer la fréquentation des nombres, notamment les écarts et la notion de différence avec les ordres de grandeur en ligne d’horizon. Paradoxalement, la perception de l’échelle des nombres de 1 à 100, avec le ressenti des écarts, est un concept qui pose problème à de nombreux élèves en début de primaire. Les nombreuses erreurs lors du placement de nombres sur une droite graduée sont souvent mises en évidence dans les tests scolaires.
La dimension collective est forte, c’est le propre des jeux coopératifs. Partie après partie, il y a l’idée d’améliorer le fonctionnement du groupe, de l’harmoniser, de synchroniser l’esprit d’équipe. C’est à la fois mystérieux et exaltant car on le ressent fortement en jouant, notamment dans les échanges entre joueurs lors de l’utilisation des cartes vie.
Je pense vraiment que The Mind a un fort potentiel pour la construction de cette relation intime que l’on tisse au fil du temps avec les nombres. Dans l’idée de permettre l’accès du jeu à des joueurs plus jeunes, de fin cycle1 par exemple, une idée simple est de réduire le nombre des cartes numérotées de 1 à 100 et de limiter le nombre de niveaux. On peut commencer avec les 30 premiers entiers et se limiter à 3 niveaux et progressivement monter en puissance jusqu’à 100.
D’une incroyable simplicité et d’une redoutable efficacité ludique, The Mind a reçu le prix du jeu de l’année au festival des jeux de Cannes en 2019. Il fait partie de la longue liste de jeux qui participe à l’installation d’une relation amicale avec les nombres. Et qui confirme la définition d’un bon jeu : c’est un jeu qui donne envie de refaire une partie dès que l’on vient d’en terminer une !
Bon jeu à tous !