Mon déplacement en Guyane, par Eric Trouillot
Suite à l’invitation de Canopé Guyane il y a quelques mois, me voilà reparti avec mes dés Mathador, de l’autre côté de l’Atlantique pour aller faire vivre le calcul mental et le jeu !
C’est toujours un grand plaisir pour moi de découvrir un coin éloigné de la métropole que je ne connaissais pas. Un beau programme m’attend avec une alternance de conférences, d’ateliers et de tournois dans des classes
L’accueil est chaleureux ( à tout point de vue, avec plus de 30° affiché au thermomètre ) pour la première journée en Guyane qui se déroule dans les locaux de l’ESPE de Cayenne. La conférence inaugurale en présence de Mme la DASEN de Guyane, des IPR et IEN du secteur et de nombreux professeurs et conseillers pédagogiques, est le moment où je développe l’idée de la place centrale qu’il faut donner au calcul mental dans la longue construction du sens du nombre et du sens des opérations. Je peux désormais appuyer mon propos sur le rapport Villani-Torossian et sa partie sur le calcul qui est un ancrage fort. Le rapport met l’accent sur le triptyque « Manipuler-Verbaliser-Abstraire » que l’on retrouve chez Montessori et Freinet. Je propose, pour le calcul mental, un triptyque parallèle « Régularité-Répétition-Verbalisation » avec, en complément, le jeu pour la touche plaisir ! Un autre temps de conférence a également eu lieu le jeudi à St Laurent du Maroni, à l’ouest de la Guyane à la frontière avec le Surinam.
L’atelier de l’après-midi est le prolongement de mon propos du matin avec les différentes pratiques de Mathador en classe. J’insiste sur l’importance d’une première approche ludique avec la manipulation qu’apportent les dés. La régularité et la répétition de situations de calcul à l’envers avec des jeux comme Trio et Mathador vont permettre à l’élève de rendre plus naturelle cette gymnastique des neurones axée sur la décomposition des nombres. Le prolongement de cette gymnastique avec l’apport du numérique (Chrono et Solo sur le site mathador ou avec les applis sur tablette et smartphone) est idéal. En effet, le numérique est un facilitateur d’enchaînement de situations répétitives et d’un travail de gammes indispensable sur les nombres et les opérations. Il rend attractif un travail à priori rébarbatif.
Chacun a pu tester les deux mondes et échanger sur les modalités pratiques de mise en application dans la classe. A noter que l’équipement en matériel numérique est loin d’être général, particulièrement dans l’ouest, la région de St Laurent du Maroni, sans parler des territoires à l’intérieur du territoire, en pleine forêt amazonienne comme Maripasoula.
Parmi les images fortes que je garderai de ce séjour, il y aura bien sûr les moments forts passés dans des classes de CM1, CM2 et 6° avec les élèves et leurs professeurs. Calculer, chercher, raisonner et communiquer sont un plaisir partagé par tous, les élèves guyanais n’échappent pas à la règle !
Avant de se lancer dans un petit tournoi dans chacune des classes où je suis allé, je prenais toujours quelques minutes pour présenter les cinq solides de Platon qui sont au cœur de Mathador et qui en sont l’idée de départ également ! Le dé a le pouvoir de captiver les jeunes et les moins jeunes. Le dé, depuis les égyptiens, est toujours présent dans l’histoire des jeux et des hommes ! Il associe la géométrie par ses différentes formes, ses faces et ses arêtes et les nombres inscrits sur ses faces. Il roule, c’est le mystère…, quel nombre obtiendra-t-on ? Le dé permet aux nombres de rentrer dans notre monde en 3D !
Et puis, c’est le petit tournoi : chacun a sa feuille et les situations de tirage Mathador défilent. Chacun essaye d’avoir le maximum de points. Les élèves se prennent au jeu, le fait d’être acteur dans le choix des opérations et des nombres incitent chacun à s’impliquer. A l’issue des 4 minutes de recherche, on prend le temps d’échanger et de verbaliser les différentes solutions trouvées. Quelques coups Mathador sont proposés, applaudissements !
Une formule de tournoi a particulièrement bien fonctionné en Guyane : 2 équipes dans une classe ou une classe contre une autre classe, formule testée au collège Léodate Volmar de St Laurent du Maroni avec deux classes de 6°.
À l’issue de la recherche, chaque groupe ou classe annonce les solutions trouvées, je retenais la meilleure solution de chaque classe, celle avec le plus de points. Le classement final se faisait avec le total des points après quelques tirages. L’intérêt pédagogique est fort car cette formule incite chaque élève a chercher la meilleure solution possible.
Et j’ai bien sûr pu profiter entre les conférences et les visites dans les classes des magnifiques paysages de Guyane, avec une nature sauvage et authentique, Cayenne, St Laurent du Maroni, les îles du Salut, la grande parade de Kourou, inoubliable…
Un grand merci à Elfrida Davigny, la directrice de Canopé Guyane ainsi qu’à Yann et Dorothée de l’équipe Canopé pour leur dévouement et la parfaite organisation de cette superbe semaine « calcul mental et jeux » !