Quelle pratique du calcul mental et du jeu en classe ?
A la suite de nombreux webinaires ces dernières années autour de l’enseignement du calcul mental et du jeu Mathador, où les échanges étaient riches et très intéressants, j’ai proposé aux professeurs des écoles intéressés et utilisant Mathador, de pouvoir échanger autour de nos pratiques de classe.
Un questionnaire autour du calcul mental, de Mathador et des jeux
Les nombreux webinaires conduits ces dernières années m’ont fait prendre conscience que derrière les mots « calcul mental » se trouve une grande diversité des pratiques, notamment les liens avec le calcul écrit et la résolution de problèmes, qui sont des questions centrales dans la construction du sens en mathématiques. J’ai donc eu l’idée de construire un petit questionnaire pour tenter de dresser un panorama des pratiques.

Je vous propose de découvrir une synthèse des 10 réponses pour chacune des questions. Ce bilan n’a bien sûr aucune prétention d’exhaustivité mais pourra permettre à chacun de se positionner par rapport à ces réponses.
1/ Quelles sont les pratiques de calcul mental en classe (niveau de classe(s), fréquence, durée moyenne, outils utilisés) ?
Les enseignants consultés ont déclarer faire 10 à 30 minutes de calcul mental par jour avec leur classe avec une articulation entre différents supports : cahiers de calcul mental, des jeux et des méthodes proposées par des éditeurs. Quelques programmations détaillées.
Mon commentaire : Il faut souligner que l’idée d’une progression annuelle de calcul mental est importante, comme pour tout enseignement mais n’est pas encore une pratique généralisée. C’est d’autant plus important avec l’intention de mettre la pratique du calcul mental réfléchi au cœur de l’enseignement du calcul.
2/ Quelle utilisation faites-vous de Mathador avec les élèves (jeu physique, numérique, concours) ?
Pour la plupart des enseignants, une articulation se fait entre les 3 modes avec une dominante classe/ateliers/APC pour le jeu physique, plutôt à la maison pour le mode numérique et le concours en classe, afin d’installer une régularité avec de l’entrainement pour les élèves.
Mon commentaire : ce découpage des 3 modes d’utilisation de Mathador proposé ci-dessous est identique au mien avec la puissance de l’outil numérique pour créer un lien école/maison, le point faible de ce lien école/maison étant qu’il fonctionne très bien pour ceux qui ont déjà un répertoire mental riche et peut donc accentuer encore le fossé. Et oui, le concours est un outil idéal pour installer la pratique dans une grande régularité, avec cette dimension collective de l’apport des points de chacun pour la classe, c’est vraiment intéressant pour créer une vraie dynamique de classe. La mise en commun de différentes procédures trouvées par des élèves de la classe lors de séances de correction d’un précédent tirage, est un moment important pour découvrir et s’approprier de nouvelles idées.
3/ Quelle est l’articulation entre le calcul mental classique et Mathador ?
Pour les enseignants interrogés, Mathador (calcul mental à l’envers, compte est bon) donne du sens au calcul mental, il permet de comprendre les automatismes et rend ludique le calcul mental. Les élèves en prennent conscience.
Mon commentaire : au-delà de Mathador, l’articulation entre calcul mental classique et activités de décomposition des nombres est essentielle pour construire une relation forte aux nombres et aux opérations avec, en prolongement, un répertoire mental riche. Le jeu devient un formidable outil qui donne à la fois du plaisir et du sens aux nombres et aux opérations.

4/ Quels autres jeux utilisez-vous en classe et quelle articulation avec Mathador ?
Voici la liste des autres jeux cités par les enseignants : Mathsumo, Trio, Amon Re, Multiplay, Atelier des potions, Multiplicato, Loto, jeux de la méthode MHM, Dobble, Shut the box.
Mon commentaire : évidemment cette liste est non exhaustive !
5/ Quelles sont les évolutions de vos pratiques dans le temps ? Avez-vous un outil prépondérant ? Quelle est la part du jeu ?
Quelques apports ressortent : le concours Mathador pour les classes, des ceintures de calcul mental qui développent l’autonomie, la manipulation comme le préconise des méthodes type Montessori.
Mon commentaire : il est à mon avis important de choisir quelques outils et de construire une progression sur l’année dans laquelle les 3 piliers Régularité/Répétition/Verbalisation doivent être là en permanence.
6/ Remarquez-vous un apport des pratiques du calcul mental des élèves dans leurs progrès éventuels en résolution de problèmes ?
Les enseignants interrogés remarquent que les gains en fluidité en calcul se ressentent en résolution de problème. Il n’est pas évident de mesurer précisément les apports car le problème de la compréhension du texte, donc le langage, reste important.
Mon commentaire : en l’absence d’un répertoire mental minimum et d’un peu de fluidité mentale, la résolution de problème est un problème pour les élèves ! On peut parler de condition nécessaire mais non suffisante puisque d’autres paramètres, comme le lexique, interviennent en résolution de problème. J’ai un faible pour la métaphore de la caisse à outils à propos du répertoire mental avec le bricolage comme image de la résolution de problème. Si la caisse à outils contient un vieux tournevis et une clé de 10, le bricolage sera très limité alors qu’une caisse à outils bien remplie et bien rangée permettra au contraire de résoudre de nombreux problèmes de bricolage. Les niveaux supérieurs étant l’établi depuis la pièce bricolage… !
7/ Voyez-vous d’autres paramètres importants supplémentaires ?
A cette question, les enseignants remarquent souvent que le goût de l’enseignant pour les mathématiques est un paramètre important. En face de difficultés pour enseigner, les double niveaux (ou plus) sont problématiques, d’autant plus quand les effectifs sont élevés. Travailler avec un petit nombre d’élèves permet d’améliorer la maîtrise des mécanismes et des procédures.
Mon commentaire : le jeu est très certainement le meilleur outil pour développer l’appétence et le goût pour les mathématiques, et ce, aussi bien pour les élèves que pour les professeurs des écoles qui ne sont pas, par leur formation initiale, attirés par les mathématiques. Le jeu favorise naturellement le test, le tâtonnement et permet de prendre de la distance avec cette matière souvent qualifiée d’anxiogène. Et si justement c’était parce qu’on ne joue pas assez avec les mathématiques que beaucoup la perçoivent de façon anxiogène ?
8/ Autres commentaires ou remarques ?
Plusieurs collègues évoquent l’engouement très fort suscité par Mathador ! D’autres insistent sur la difficulté pour l’ enseignant de changer ses habitudes d’enseignement qui parfois peuvent remonter à son propre vécu en tant qu’élève, et les problèmes que cela génère à l’échelle d’une école. Car un élève, lors de sa scolarité au primaire, peut changer plusieurs fois de méthodes.
Mon commentaire : je constate effectivement souvent dans mes échanges que le fait de changer ses habitudes d’enseignement, notamment en calcul, peut prendre beaucoup de temps. Cela ne tient pas uniquement à la parution d’un nouveau programme mais aussi et surtout au fait que changer ses habitudes d’enseignement est un long chemin personnel, fait de découvertes, de réflexions et d’échanges avec des pairs. Ces alchimies personnelles s’agrègent dans la durée et, appuyer par des évolutions des programmes, donneront des changements en profondeur et durables.
En conclusion, je tiens à remercier la dizaine de collègues qui ont participé à ces échanges passionnés et passionnants qui traduisent bien la diversité de nos pratiques qui est à la fois une force et une faiblesse pour établir une culture la plus riche possible dans notre relation aux nombres et aux opérations.
Plus que jamais, je reste convaincu de la puissance du jeu comme outil pédagogique, et en particulier l’offre Mathador Classe. Il faut ensuite, et c’est là que se situe la mini-révolution culturelle en cours, structurer et scénariser l’ensemble des outils, ludiques et autres, utilisés à l’échelle d’une année scolaire pour que nos élèves progressent et prennent du plaisir dans leurs parcours.