Utiliser le jeu en cours de mathématiques, un véritable apport pédagogique ?
Les pratiques ludiques progressent dans les classes, notamment à l’école primaire. Le BO du 10/03/2011 est un des premiers documents officiels qui apporte une véritable caution au jeu comme outil pédagogique à part entière.
L’investissement des corps d’inspection (IEN, conseillers pédagogiques), d’éditeurs pédagogiques comme le réseau Canopé, d’associations telles que l’APMEP (Association des professeurs de l’enseignement public) et de tous les enseignants qui pratiquent déjà le jeu est une des causes de ce développement.
Alors pourquoi faire du jeu un véritable outil pédagogique ?
Les fondamentaux culturels, sociaux et religieux de notre société associent le travail à labeur, douleur et sueur. Le prolongement de cette image du travail dans le monde de l’école induit une relation dure et austère aux apprentissages scolaires qui laisse peu de place à la notion de plaisir d’apprendre. Cette approche est fondamentalement différente chez les anglo-saxons. Cette analyse succincte est une première explication à la difficulté pour le jeu de trouver sa place à l’école. Entière et indiscutable en maternelle, la place du jeu se réduit au fur et à mesure que les années primaires, collège puis lycée avancent. Un peu comme si le jeu était réservé aux petits et qu’ensuite, il fallait se mettre au travail, vraiment !
Cette vision réductrice et manichéenne ne résiste pas longtemps à l’épreuve des faits. Les pratiques ludiques progressent notamment à l’école primaire. L’investissement d’Inspecteurs de l’éducation nationale, de conseillers pédagogiques, du réseau Canopé, d’associations telles que l’APMEP (Association des professeurs de l’enseignement public) et tous les enseignants qui pratiquent le jeu sur le terrain est une des causes de ce développement. Le BO du 10/03/2011 est un des premiers documents officiels qui apporte une véritable caution au jeu comme outil pédagogique à part entière.
Jouer c’est adopter une démarche scientifique
Un argument fort en faveur du développement de la pratique du jeu en mathématiques est la proximité avec la démarche scientifique. L’activité réglée du jeu fixe implicitement un objectif, le but du jeu. Pour l’atteindre, le joueur sera amené à formuler des hypothèses, à les tester, éventuellement en expérimentant mentalement, en tâtonnant, puis à faire un choix. Dans un jeu de réflexion, ce choix sera validé ou invalidé dans le cadre de la règle du jeu par l’évolution de la partie ou par la réponse d’un adversaire. De plus, pour quelques grands jeux de réflexion type échecs, il existe un stade supérieur avec des modélisations et des théories de jeu. La proximité avec la démarche scientifique est grande.
Jouer, c’est oser rendre chaque élève acteur
Le jeu est un outil pédagogique supplémentaire à la disposition de l’enseignant. Au-delà de l’image de plaisir associée au mot jeu, et qui peut donc susciter curiosité et envie, la force de cet outil réside dans son pouvoir de rendre acteur.
Parmi les nombreuses façons de classer et différencier les élèves, il y a la ligne de partage : acteur-spectateur. Nous avons dans nos classes des élèves naturellement acteurs : actifs, volontaires, curieux, parfois extravertis.
A l’opposé, il y a toujours des élèves réservés, pour qui la vie en groupe n’est pas simple et peut même poser problème. Ces élèves n’osent pas, ils sont parfois introvertis. S’impliquer, s’approprier des concepts, n’est pas naturel et peut être source de difficultés pour cette catégorie d’élèves. De toute évidence, le jeu est un outil qui va aider ces élèves à évoluer. Le jeu est un levier fort pour activer l’implication et susciter l’envie. L’image d’Epinal qui associe les mathématiques à la rigueur et l’austérité est réductrice et fausse. L’apport dans la classe du jeu, à dose modérée mais régulière, doit permettre avec le temps de modifier cette vision des mathématiques. Les notions de plaisir et de jubilation doivent y trouver leur place.
Le jeu apporte aussi la notion de défi. Ce dernier, qui peut être individuel ou collectif, est également un levier pédagogique que l’on retrouve dans les concours individuels de jeux mathématiques ainsi que dans les rallyes mathématiques pour les classes.
Jouer, c’est placer chaque élève en situation de réussite
Enfin, le jeu est une façon de redistribuer les cartes dans la classe. Le changement complet de cadre qu’apporte le jeu, donne l’occasion aux élèves en difficultés d’oublier momentanément cette situation d’échec et de se remotiver, voire d’être valorisés. Il ne faut pas négliger la dimension sociale et fédératrice du jeu qui, dans une pratique collective de classe, est créatrice de liens et rapproche les élèves à la fois des autres mais aussi des savoirs en développant l’estime de soi.
Ces arguments vous ont-ils convaincu ? Quoi qu’il en soit, jouer, c’est avant tout se faire plaisir !
Quelques liens pour aller plus loin
Jeux mathématiques en Belgique
Un dossier du Café Pédagogique
Un dossier des Cahiers Pédagogiques