Interview d’Isabelle Ludier, chercheuse au sein du projet e-FRAN

Isabelle Ludier est doctorante à l’université de Cergy-Pontoise et membre du laboratoire de didactique André Revuz. Elle participe au projet « Un territoire calculant en Bourgogne-Franche-Comté » et effectue sa thèse sur Mathador et le calcul mental.

Elle a accepté de répondre à nos questions.

Quel est votre parcours ?

J’ai suivi un parcours classique. Ma formation initiale est assez linéaire : après ma licence, j’ai obtenu mon CAPES et je suis devenue professeur à 21 ans. J’ai ensuite enseigné pendant 30 ans dans le même collège de la banlieue de Cergy et j’y suis devenue formatrice à l’ESPE.

Et pourquoi vous êtes-vous tournée vers la recherche ?

J’ai eu l’opportunité d’encadrer de nombreux stagiaires en tant que tutrice terrain et j’ai été déçue de n’avoir eu que peu de formation pour le faire. J’avais l’impression qu’il me manquait des bases théoriques, et les stages proposés dans le cadre du plan académique de formation n’étaient, pour moi, pas suffisants. Mes enfants ayant quitté le nid, j’ai donc décidé de reprendre mes études il y a trois ans. J’ai entrepris un master de formateur d’enseignants pour obtenir des réponses et des outils. Lors de l’écriture de mes deux mémoires portant sur l’accompagnement d’un professeur des écoles se reconvertissant en professeur de mathématiques et sur la différence de pratiques entre le 1er et le 2nd degré, j’ai découvert la recherche et le calme intérieur que procurait ce travail solitaire. C’est tout naturellement que j’ai choisi de poursuivre en doctorat pour continuer à approfondir mes connaissances.

Quels sont vos axes de recherche ?

Mes recherches portent essentiellement sur les différences de pratique dans l’enseignement des mathématiques dans le 1er et le 2nd degré. Avec le projet « Un territoire calculant en Bourgogne-Franche-Comté », je travaille plus particulièrement sur le calcul mental, sujet riche et intéressant.

Sur quel sujet porte votre thèse ?

Elle s’articule autour de ce projet lié au jeu Mathador. Son titre provisoire est « Le logiciel Mathador : son utilisation par les professeurs et les procédures élèves utilisées ».  Elle se compose pour l’instant en deux parties. La 1re partie concerne les pratiques enseignantes : comment les professeurs intègrent-ils ce jeu dans leur travail ? La 2nde s’intéresse au travail des élèves : à partir des datas produites mais également d’observation sur le terrain, qui me permettront d’avoir une vue d’ensemble des pratiques, certaines n’apparaissant pas dans les datas.

Quelles sont les grandes étapes de votre participation au projet ?

Je suis présente depuis le début de cette aventure. En effet, j’ai tout d’abord participé à la préparation des tests qui ont été remis à chaque élève en début d’année et qui nous permettront d’évaluer leur progression. J’ai pu ensuite observer les formations des enseignants et aller les rencontrer. Actuellement, je poursuis mon suivi sur le terrain tout en commençant à travailler sur les données produites.

Quelles sont vos premières observations sur le terrain ?

Dans le cadre de mes recherches, j’ai en effet souhaité effectuer des visites dans des classes. J’ai assisté à la passation des tests pour mieux appréhender les réactions des élèves et leurs points de difficulté.

Je suis également sept classes sur plusieurs territoires. Elles possèdent chacune du matériel différent, ce qui induit des pratiques différentes. Il est intéressant d’assister à leur séance de calcul mental : cela me permet de compléter mes recherches et la fouille des datas. Je me suis ainsi aperçue par exemple de l’importance de l’utilisation de la touche « Retour ». Certaines données ne sont pour le moment pas enregistrées par le jeu :  les opérations annulées, ainsi que les tentatives d’opérations dont le résultat est impossible dans le jeu car négatif ou décimal.

Jeu et calcul mental : un mariage gagnant ?

De nombreux travaux disent que oui, mais pour ma part, je n’en suis qu’au début de mes recherches sur ce thème. Je ne peux donc ni affirmer, ni infirmer cette hypothèse. Dans tous les cas, beaucoup d’enfants jouent avec plaisir. Mais pas tous, ce qui représente une piste intéressante : comment faire pour mettre en situation de réussite l’ensemble des élèves ?

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