Neurosciences et calcul mental

Les neurosciences, version cognitives, ont fait une percée médiatique assez étonnante au cours des dernières années. Régulièrement à la une des grands hebdomadaires, de nombreux livres traitent de ce sujet. Que nous disent-elles ?

Il est évident que ce sont les progrès de l’imagerie médicale qui ont permis d’observer et de mieux étudier notre cerveau. Il manquait l’outil adapté pour rentrer au cœur du fonctionnement de cet organe chef d’orchestre. Le chantier est immense, que de choses à découvrir ! De nombreuses équipes de chercheurs travaillent sur les prolongements dans le domaine de l’éducation et sur les processus d’apprentissage, la neuroéducation. Je vous propose de découvrir quelques paramètres sur lesquels un consensus large s’est fait dans la communauté des chercheurs.

L’attention, le pilier central
Solliciter le plus possible l’attention de l’élève est un facteur essentiel. Les acteurs de terrain savent bien qu’un élève attentif et acteur a plus d’atouts pour rentrer dans les apprentissages et réussir qu’un élève inattentif et spectateur. Au cours de la sollicitation de l’attention de l’élève, il est important de ne pas multiplier le nombre de tâches à réaliser dans un laps de temps court. Le risque étant de dépasser les possibilités de l’élève et de lui proposer une surcharge impossible à réaliser.

Un engagement actif
Parallèlement à l’attention, l’engagement actif de l’élève dans les apprentissages est un facteur important de réussite. Nous avons dans nos classes des élèves plutôt acteur ou plutôt spectateur, cela renvoi au caractère de chacun, introverti ou extraverti. En pratique, dans la classe, cela signifie pour l’enseignant de favoriser les activités qui sollicitent l’attention et incite l’élève à être actif.

L’erreur comme élément de compréhension
Un retour d’information régulier est un facteur important pour permettre à l’élève de se corriger dès que c’est nécessaire. Le statut de l’erreur est d’une très grande importance dans les apprentissages. En la posant comme naturelle dans un processus d’apprentissage avec des essais et des tests, sans jamais la dramatiser, l’erreur peut même être utilisée comme un élément de compréhension. Attention de ne pas confondre retour d’information régulier avec évaluations régulières. La multiplication des évaluations, qui est une tendance actuelle, est très chronophage et ne favorise pas forcément la progression de l’élève. Il y a un équilibre à trouver entre évaluation formative et sommative.

L’importance de la régularité
Une autre clé, clairement mis en évidence par les neurosciences, est l’importance de la répétition des situations d’apprentissage dans la régularité, de façon à aller vers l’automatisation de certaines tâches. La construction des connaissances avec du sens doit être orientée avec l’idée d’un accroissement des connaissances automatisées. C’est une façon de permettre à l’élève de se libérer de contraintes élémentaires et de se concentrer alors sur des tâches plus difficiles.

Un environnement bienveillant améliore la réussite de l’élève
La bienveillance de l’enseignant bien sûr, mais la gestion de l’erreur comme un élément normal dans le processus d’apprentissage ou la gestion du stress ou des relations entre élèves sont aussi des éléments importants. De même que susciter l’envie et la curiosité par des activités ou du jeu sont aussi des éléments qui vont concourir à une amélioration du cadre bienveillant.

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Développer l’attention, comprendre, s’entraîner, se tester, mémoriser. Tous ces paramètres mis en lumière par les sciences cognitives sont des évidences pour l’acteur de terrain qu’est l’enseignant. Mais les neurosciences, par les mesure de l’imagerie médicale, apporte un caractère scientifique à ces paramètres qui étaient jusqu’à maintenant dans l’ordre du ressenti et n’étaient peut-être pas considérés avec autant d’importance. Comment ne pas faire un parallèle entre ces paramètres qualifiés d’importants par les neurosciences et la pratique du calcul mental en classe ? Le calcul mental demande une grande attention sur un laps de temps court. Il demande de la régularité pour être efficace. L’élève est acteur. Le retour d’information est immédiat car la correction se fait au fur et à mesure donc l’élève sait très vite si il sait ! L’environnement qu’apporte l’écran pour un diaporama ou le jeu suscite l’envie et participe à une forme de cadre bienveillant. La pratique du calcul mental est souvent plébiscitée par les élèves. La raison de cet accueil positif pour le calcul mental est peut-être à chercher du côté de l’adéquation avec le fonctionnement de notre cerveau.

Les neurosciences doivent rester dans un cadre scientifique et continuer à chercher à identifier les paramètres qui sont en phase avec le fonctionnement de notre cerveau. À nous pédagogue sur le terrain, de nous enrichir de ces nouvelles découvertes des neurosciences de façon à éclairer nos pratiques pédagogiques. Et ainsi, valider les bonnes pratiques, telles le calcul mental, et peut-être à en invalider d’autres ou améliorer leur adéquation avec le fonctionnement de notre cerveau.

 

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1 réponse

  1. Merci pour cet article ! C’est certain : les neurosciences sont une mine d’or pour améliorer les méthodes pédagogiques et favoriser l’apprentissage des enfants.

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