Qu’est-ce qu’un supercalculateur ?
Le cerveau de Milo est incroyablement rapide, c’est un peu comme si l’inconscient avait emmagasiné beaucoup de connaissances automatisées et était capable de prendre en main le pilotage du cerveau à la place du conscient… Rencontre avec un supercalculateur !
Une maîtrise remarquable
Lorsque nous sommes confronté à un calcul, il y a deux situations possibles : soit la connaissance est automatisée et dans ce cas, la réponse est immédiate et sans réflexion consciente. Soit nous devons élaborer une stratégie en utilisant des connaissances automatisées ou non qu’il va falloir combiner afin de trouver la réponse au calcul. Dans ce cas, nous sommes en présence d’une situation de type calcul réfléchi, c’est la situation la plus fréquente dans la vie courante : évaluer une somme d’articles en faisant ses courses, évaluer une surface approximative ou un volume, évaluer un prix annoncé avec une baisse en %, etc…
Le supercalculateur, lui, est très souvent en situation automatisée car il a un très grand stock mental de connaissances automatisées. Son répertoire numérique est riche. On peut faire un parallèle avec un grand musicien qui a une maîtrise quasi parfaite de son instrument ou un sportif qui possède une maîtrise remarquable dans ses gestes techniques. Dans presque tous les cas, il y a en amont un travail de gammes qui a permis d’aboutir à cette maîtrise remarquable. Milo ne sait pas pourquoi son cerveau lui a indiqué d’utiliser tels nombres avec telles opérations, de la même façon qu’un virtuose du ballon sera incapable de décomposer chaque étape d’un mouvement parfaitement maîtrisé.
Faire du calcul mental un jeu !
Dans les domaines sportifs ou musicaux, le travail technique est une évidence, une nécessité incontournable. De façon étonnante, l’image du calcul et notamment du calcul mental est souvent associée à un travail rébarbatif d’apprentissages par cœur, pas vraiment passionnant. De nombreux adultes évoquent des souvenirs douloureux de leur enfance scolaire associés à l’ardoise et à la peur de se tromper. Cette vision manichéenne qui voudrait, qu’en maths, ce soit seulement « juste ou faux » est fortement ancrée dans l’inconscient collectif de notre société. Ces séances quotidiennes de calcul mental axées uniquement sur la vérification d’automatismes y sont certainement pour beaucoup et cela participe aussi au caractère anxiogène de la matière, d’ailleurs souvent évoqué dans les études sur le ressenti en mathématiques. Il faut absolument sortir de cette image d’Epinal ! Le jeu et le numérique peuvent être de précieux supports pour dépasser cette vision.
Pour Milo et pour les supercalculateurs, le calcul est un grand terrain de jeu. Il faut donc développer cette piste du jeu et essayer de la proposer au plus grand nombre. En combinant jeu et numérique, on peut développer le plaisir et l’envie et mettre en place un véritable travail de gammes. Il existe de nombreux outils ludiques et numériques de qualité pour travailler ces gammes qui sont indispensables pour installer un véritable répertoire mental des nombres et des opérations.
Dans la vidéo de son portrait, Milo indique qu’il n’a pas de stratégies particulières qui pourraient le différencier d’un autre joueur. Sa force principale réside dans ce très grand répertoire de connaissances automatisées et une rapidité hors du commun, voilà peut-être la clé du supercalculateur ?
La régularité : une des clés de la réussite !
Une pratique régulière du calcul mental en classe de 6° avec différentes approches, diaporama, ardoise, jeu… et ce depuis une dizaine d’années permet d’établir quelques constats. Notamment une mesure empirique étonnante : dans toutes mes classes de 6°, soit environ une vingtaine pour ce constat, environ 10% développe une aisance extraordinaire en calcul mental. Cela se traduit sur une année scolaire par un développement très important du répertoire de connaissances et surtout par une vitesse d’exécution étonnante. Et parmi ces 3 ou 4 élèves par classe, certains deviendront des supercalculateurs, un niveau où le mot extraordinaire prend tout son sens.
Ces progrès étonnants pour une petite partie d’élèves s’accompagnent de progrès également pour l’ensemble des autres élèves. Cette fréquentation mentale régulière des nombres et des opérations développe une meilleure aisance, variable suivant les élèves, mais générale. De plus, la résolution de problème s’en trouve améliorée. C’est un peu comme si l’aisance en calcul mental diffusait dans le cerveau du sens des opérations. Denis Butlen, dans « Le calcul mental, entre sens et technique » le met bien en évidence avec de nombreuses études dans différentes classes.
Les supercalculateurs sont la partie immergée de l’iceberg, celle qui marque et qu’on remarque. Mais l’aisance en calcul mental est, ou plutôt devrait être, une priorité nationale de notre enseignement en mathématiques. La dynamique est bonne, les programmes récents des cycles 2 et 3 aussi. Il faut maintenant prolonger sur le terrain tous ces signes encourageants…