De l’apprentissage des mathématiques en maternelles – rencontre avec Mme Grunau, enseignante

En mars dernier, l’équipe Mathador est allée à la rencontre de Mme Grunau, enseignante à l’école de Millay (Nièvre). Travaillant depuis trois ans avec les maternelles, elle s’est prêtée au jeu des questions -réponses autour de l’apprentissage des mathématiques et de la progression entre la petite section et la grande section.

Comment abordez-vous la numération avec vos élèves ? Avec quelles activités et quel vocabulaire ?

Dans la classe, nous abordons les mathématiques avec les actions du quotidien. Il faut trouver des jeux pour faire des maths comme préparer une table pour une activité : combien de pinceaux nous avons besoin, combien de paires de ciseaux etc. Le rituel des présents et des absents permet aussi d’aborder les nombres. Finalement, le nombre est présent tout le temps dans la vie quotidienne de la classe.

En classe, nous faisons aussi des séances dédiées au nombre à partir de la méthode MHM (Méthode heuristique de mathématiques) de Laurence Le Corf, et des manuels « Vers les maths » d’Acces Editions qui proposent des mises en situation. Par exemple, pour construire la fleur du nombre 9 : les élèves manipulent différents objets pour créer différentes représentations du nombre. Les jeux permettent de voir si la notion est acquise. Après, il y a un temps sur fiche qui permet à la fois de garder une trace et de situer l’élève dans son parcours numérique. C’est un travail qui peut se poursuivre sur l’année scolaire, en abordant les différents nombres.

Le nombre doit être ancré dans le réel. C’est le passage à l’abstraction qui est plus complexe.

la jolie fleur du nombre 9

Quelles notions couvrent l’apprentissage de la numération ?

En maternelle, l’apprentissage de la numération recouvre les notions de collection, de désignation (remplacer un objet par une représentation), d’énumération, d’ordre, d’ordinal/de cardinal. Avec les grandes sections je peux commencer à introduire les signes mathématiques à l’oral, lors de la résolution de petits problèmes : exemple 2 lapins plus 2 cochons. Le signe « plus » est bien dit, en revanche il n’est pas écrit. Je travaille beaucoup avec des jeux comme Charlie Quak, Halli, Galli, Le verger, Atelier Premiers nombres / Boites à compter.

Travailler le nombre sans intention/ sans résolution de situation problèmes, ne permet pas de le construire.

Comment vous organisez-vous au sein de la classe ?

Je fonctionne par groupes, avec des moments où je suis présente pour les apprentissages, des moments où les élèves sont avec l’ATSEM en atelier dirigé pour l’entrainement, et des moments où ils sont en autonomie et peuvent s’entre-aider. Le grandes sections peuvent aider les plus petits par exemple.

Quelles traces gardez-vous des moments de verbalisation ?

Les traces gardées sont diverses : il s’agit de fiches mais aussi de photos que je mets en ligne dans l’ENT dédié aux familles. Il y a aussi toutes les productions matérielles comme les cahiers de nombres, les carnets de suivi et les créations des différentes activités (boites à nombres) etc…

Comment évolue l’apprentissage  des nombres en cours d’année ?

Avec les petits, le travail se fait autour des notions de « un peu/ beaucoup », et on travaille le nombre jusqu’à 3. Avec les plus grands, on aborde des nombres plus grands, avec l’écriture chiffrée, les différentes représentations et les décompositions. Le plus difficile est de faire comprendre la notion de collection, c’est-à-dire les différents groupements d’objets qui constitue un nombre ; et le travail de la relation : il faut réussir à faire comprendre aux élèves que l’on passe d’un nombre à un autre en rajoutant un élément.

On avance petit à petit dans l’abstraction : on compare des collections sans passer par le comptage. Puis on passe à la bande numérique. Quand l’élève n’a plus besoin de support d’aide, je sais que la compétence attendue est acquise.

Je laisse des outils (boites de nombres etc.) à disposition des élèves en si besoin. Mais cet étayage disparait pour les évaluations, ce qui permet de voir où ils en sont dans leur acquisition.

Travaillez-vous la numération avec les autres niveaux, pour qu’il y ait une continuité ?

La continuité se fait grâce au travail entre pairs, c’est-à-dire quand les moyens ou les grands aident les petits. Comme cela fait trois ans que j’ai les 3 niveaux de la maternelle, j’ai l’occasion de suivre certains élèves depuis leur arrivée à l’école. Créer un parcours inter-collègues est plus compliqué, surtout quand plusieurs enseignants sont impliqués car il faut trouver des outils communs, des outils migrants qui conviennent à tous.

Quelle est la nature des difficultés que vous rencontrez pour ces apprentissages ?

La principale difficulté est la disparité quand ils arrivent en petite section. Il faut pallier ce problème, qui d’ailleurs n’est pas forcément lié aux maths ! C’est ça qui, au départ, est complexe. Il faut donc réussir à contenter tout le monde et construire une cohérence de groupe en tenant compte des différences.

Il faut également veiller à ce que les enfants ne restent pas dans le comptage, et leur faire comprendre la notion de quantité, de collection. La verbalisation est donc très importante à cet âge-là.

Comment aider les élèves en difficulté ? 

Les enfants évoluent rapidement, mais on peut multiplier les jeux. Il y a eu beaucoup d’avancée sur la place du nombre en maternelle, avec plus d’outils pour passer à l’abstraction, grâce à la manipulation et au tâtonnement. La maternelle est le pilier où l’on pose les 1er jalons. Les programmes évoluent également, le mot « nombre » apparaît et on aborde la résolution de problème plus tôt qu’avant.

Sur twitter, on peut voir que l’école de Millay travaille beaucoup la transdisciplinarité. Lors de notre entretien avec votre collègue Cristine, nous avons parlé d’aller au jardin, de lien avec l’art. Comment faites-vous cette transdisciplinarité avec les plus petit ? Est-elle possible ?

Il est possible de faire beaucoup de liens avec la littérature. Un grand nombre d’album abordent les chiffres ou les mathématiques comme « Les trois courageux petits gorilles » ; « Les trois petits cochons » ; « Boucle d’or et les trois ours ».

Nous allons également au jardin pour faire les semis, l’occasion de compter : mettre deux cuillers de terre dans une alvéole, une graine etc.

Nous faisons des défis au moment des vacances d’hiver* et pour la semaine des mathématiques qui créent de l’émulation, et permettent de travailler les mathématiques dans des situations nouvelles.

Un grand merci à Mme Grunau pour cet entretien!


* voir primabord eduscol

Vous pouvez suivre l’école de Millay sur Twitter : @ecole_millay

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