Je suis nul en maths : est-ce de l’inchiffrisme ?
Dans son dernier ouvrage en date, Les chiffres ? Même pas peur ! Stella Baruk, experte en pédagogie des mathématiques, explique son concept d’inchiffrisme qui est selon elle plus adapté que celui d’innumérisme.
Inchiffrisme ou innumérisme ?
L’innumérisme est défini par l’Education Nationale comme :
« l’état d’une personne adulte qui a été scolarisée mais n’a pas acquis une maîtrise suffisante dans le maniement des nombres et du calcul. Cela signifie qu’elle ne possède pas les compétences de base pour être autonome dans les situations simples de la vie courante. Comme dans la situation d’illettrisme, l’innumérisme est une inégalité sociale qui conduit à l’exclusion. » (Source)
Pour Stella Baruk, la différence entre les définitions d’illettrisme et d’innumérisme se trouve dans la capacité ou non à trouver du sens : une personne en situation d’illettrisme a des difficultés à la lecture mais elle peut communiquer à l’oral où elle trouvera le sens des mots. En revanche, une personne en situation d’innumérisme ne pourra lire les chiffres correctement et sera donc en défaut d’accéder au sens mathématique. Voilà pourquoi elle propose plutôt l’appellation « inchiffrisme ».
Auto-critique française
- Renforcer les heures de maths à l’école ?
- Profil des professeurs des écoles
On pourrait penser qu’une des solutions serait d’augmenter les heures de mathématiques à l’école mais l’enquête TIMSS 2015 démontre que ce facteur n’est pas synonyme de réussite. En effet, des pays misant sur moins d’heures d’enseignement de la discipline attestent de meilleurs résultats que la France.
Pour le ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, il faudrait plutôt se pencher sur le profil des professeurs des écoles : « à grande majorité » issus de formations « en lettres ou en sciences humaines ».
« Interrogés sur leurs pratiques d’enseignement, les enseignants français expriment plus fréquemment que leurs collègues européens un certain malaise face à ces deux disciplines. » (Source)
Des conseils pour les enseignants
Stella Baruk recommande aux enseignants de ne pas précipiter l’apprentissage mathématique en fin de maternelle et au CP pour consolider la bonne compréhension des nombres sous tous leurs aspects.
Egalement, elle met en garde contre l’écueil de passer par un apprentissage trop lié au concret car lorsque la phase des chiffres est dépassée, celui des nombres à deux chiffres est rendu plus complexe.